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Wednesday, December 15, 2010

Maroc: Un nouveau code de la route fait flamber les prix au marche

Inouïe ! L’application d’un nouveau code de la route au Maroc, entré en vigueur le 1er octobre, a provoqué une avalanche de hausses des prix, du coût du transport aux prix des produits agricoles et jusqu’aux matériaux de construction. Du coup, l’inflation enfle, et le panier de la ménagère en subit un sacré coup. Virée au marché de gros de Casablanca.

Juste quelques jours avant l’application du nouveau code de la route, les prix des fruits et légumes étaient stables, calmes au marché de gros de Casablanca, l’un des plus importants du Maroc. La tomate était vendue au détail entre 4 et 5 dirhams. Mais, depuis l’arrivée du nouveau code de la route, le prix de la tomate est monté en flèche, jusqu’à 11-12 dirhams (environ 1 euro) le kilogramme. Le nouveau code de la route, très draconien, a obligé les transporteurs à respecter la charge autorisée. L’explication du phénomène des hausses qui font actuellement jaser les marocains des grandes villes, de Casablanca à Tanger, tient en un seul mot : la surcharge. Adopté après moult discussions au parlement puis à la chambre des Conseillers (Sénat) et plusieurs mouvements de grèves des transporteurs, ce code de la route interdit aux transporteurs de pratiquer la double charge, sinon à respecter la charge utile du camion. Or, au Maroc, la surcharge des camions est un phénomène très répandu, car elle permet aux transporteurs, aux vendeurs et acheteurs de négocier des prix de transports très bas. Mais, depuis la disparition de la surcharge, lourdement et fermement punie, les prix notamment des fruits et légumes ont flambé.

La surcharge, les hausses et les récriminations

Le transport de la marchandise qui revenait d’habitude à 0,20 DH le kg, depuis des villes comme Agadir ou Berkane, est désormais à 0,50 DH et plus. Pour les légumes de grande consommation, comme la tomate, l’oignon ou la pomme de terre, les commerçants du marché de gros de Casablanca estiment que le surcoût dû au renchérissement du transport peut facilement être de 2 à 3 DH le kilo vendu au détail. Bouchaïb Benhasbane, mandataire au marché de gros de Casablanca, indique n’avoir jamais ‘’vu, durant près de cinquante ans, un tel climat régner au sein des professionnels. Les gens sont un peu déstabilisés et je crains pour la ménagère, car en fin de compte, les professionnels peuvent répercuter cette hausse exorbitante, mais le consommateur comment va-t-il s’en sortir ? Vous imaginez les légumes à 10 DH (minimum) le kg tout au long de l’année ?’’ En fait, c’est toute la chaîne des produits alimentaire qui a été touchée par le phénomène : des viandes aux céréales, et jusqu’aux produits maraîchers. Kheireddine Soussi, président de la fédération interprofessionnelle du secteur avicole (Fisa), indique que ‘’le coût d’acheminement de la volaille vers les marchés et les circuits de distribution est passé de 0,20 DH à 0,40 DH par kilogramme transporté’’. ‘’Nous ne pouvons pas travailler en réduisant le tonnage de 50% et plus. Nous avons l’habitude de faire venir chaque jour 15 tonnes de pommes de terre au marché. Si je suis obligé de me contenter de 8 tonnes,  jamais je ne m’en sortirais. Ou alors, comme le transport me coûtera bien plus, il faudrait répercuter cela sur les prix’’, explique un commerçant au marché de gros de Casablanca. Même constat pour Houcine Aderdour, président de l’Association des producteurs et exportateurs des fruits et légumes (Apefel) du Maroc : l’augmentation est inéluctable car ‘’comment voulez-vous financer une telle augmentation de prix du kg transporté. Entre Agadir et Casablanca, pour exemple, le prix est passé de 0,20 à 0,70 DH/kg. Nous avons à peine commencé à absorber le coût de l’autoroute qu’il faut maintenant affronter cet autre renchérissement’’.

Les explications de Karim Ghellab

Mais, pour le ministre de l’équipement et des transports, Karim Ghellab, qui avait fait un véritable forcing au parlement pour l’adoption du nouveau code de la route, la situation n’est pas tellement dramatique. Selon lui, ‘’le nouveau code a augmenté les sanctions et amendes pour surcharge illégale’’, estimant que ‘’ le respect du tonnage permis ne peut pas être à l'origine de la flambée des prix avec l'ampleur dont parlent les professionnels’’. Cité par ‘’La Vie Eco’’, il ajoutera qu’’’aujourd'hui, le coût moyen du transport au Maroc est de 1 DH la tonne kilométrique’’, avant de qualifier les nouveaux tarifs des transports de fruits et légumes de ‘’spéculation de la part des transporteurs et d'intermédiaires, qui profitent toujours de la moindre occasion pour gonfler leurs marges’’. En attendant une accalmie, les prix des fruits et légumes ont atteint des pics jamais enregistrés durant ces dix dernières années.

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